Le Haut-commissaire à l’énergie atomique, Monsieur Vincent Berger, nous recevait la semaine dernière avec ses équipes pour délivrer la restitution de son rapport sur le nucléaire innovant.
Au même titre que les différentes startups françaises auditées, nous avons échangé sur les différents points différenciants de notre concept, mais aussi sur la filière en général et notamment celle des sels fondus qu’il nous faudra créer avec nos partenaires. Nous partageons dans cet article et en toute transparence ses conclusions, en ligne avec notre roadmap et nos actions.
Du côté de nos points forts :
- le combustible en lui-même : le sel simplifie les étapes de fabrication des combustibles, la conservation du volume/qualité du plutonium d’EDF en isogénération, et une version thorium et U235 reste possible.
- la sûreté : 4 barrières de sûreté qui permettent de mesurer seulement 1msv à la clôture, une démonstration de sûreté majorante avec une rupture postulée de la première barrière n’engendrant aucun incident majeur, un système basse pression à convection naturelle.
- la sécurité prise en compte dès la conception : un sel combustible demeurant plus de 20 ans en réacteur, limitant radicalement le nombre de transports de matières radioactives, et la disposition souterraine de notre réacteur.
- le business : des partenaires industriels solides avec Technip Energies, Schneider Electric ou encore Orano, un modèle d’affaires spécifique qui optimise le besoin en financement avant les premières ventes et un coût du réacteur structurellement bas du fait de son ratio compacité/rendement. Sa pilotabilité permet de réaliser un suivi de charge rapide et efficace, parfait pour remplacer les centrales fossiles qui aujourd’hui remplissent cette fonction.
L’audit a aussi permis d’aborder les axes de travail :
- le combustible : sur ce sujet, il s’agit d’identifier quelle sera la stratégie d’Etat choisie autour de l’augmentation des capacités de production en plutonium civil alimentant l’ensemble des réacteurs à neutrons rapides.
De notre côté et pour limiter l’engorgement à la Hague, nous concevons un réacteur autonome durant une vingtaine d’années grâce au renouvellement interne du combustible fissile, une promesse unique sur le marché des réacteurs rapides. D’autre part, le Stellarium est conçu pour fonctionner aussi avec de l’uranium de type HALEU (pour High-Assay Low-Enriched Uranium, un uranium plus enrichi en U235 que le combustible enrichi conventionnel utilisé actuellement dans les réacteurs à eau pressurisée de nos centrales). Sur cette thématique, nous travaillons avec notre partenaire Orano pour synchroniser les roadmaps et les volumes.
- le réacteur : l’échangeur combustible sur lequel nous nous sommes arrêtés est complexe. Nous le savons et c’est pourquoi notre design 3D précis est sorti, déjà calculé en thermo et en pression. Pour optimiser sa fabrication, nous pouvons compter sur les meilleurs experts du domaine français, basé au CEA-Liten à Grenoble.
- la chimie des sels : un important programme de R&D a été initié avec nos partenaires (CNRS, CEA, IJCLAB) et le sharing group d’Orano (Thorizon, Naarea) permet de mutualiser la R&D sur la synthèse des sels, leur retraitement et la maîtrise de la corrosion.
- la qualification des codes de calculs pour la sûreté : la première expérience mondiale de fission en sels chlorures à neutrons rapides validera nos calculs, et son avant-projet sommaire (APS) a déjà permis de la chiffrer. Pour le clin d’œil, nous l’avons nommée Alvin en hommage au physicien Alvin Weinberg, considéré comme le père des réacteurs nucléaires à sels fondus.
De cet audit du Haut-Commissaire à l’énergie atomique, nous retenons que notre travail porte ses fruits mais que nos recherches ne doivent pas faiblir. Nous nous engageons pour créer une nouvelle filière RNR, qui reste un choix national et qui nécessite la mobilisation de l’ensemble des acteurs du nucléaire et de l’Etat pour rechercher la souveraineté énergétique.